Contexte et historique
Ci-dessous vous pouvez trouver toutes les informations sur le kasàlà contemporain ainsi que sur le kasàlà traditionnel, son lien avec le concept d’Ubuntu et la manière dont cet art est arrivé en Occident.
Kasàlaction
Kasàlaction est une OBNL internationale qui réunit les praticiennes et praticiens du kasàlà contemporain. Le terme résume précisément la devise de l’organisation : « De la poésie à l’action ». Cette devise invite à deux attitudes fondamentales: poétiser la vie et agir.
Poétiser la vie, signifie aiguiser ses sens et sa conscience pour la percevoir dans sa splendeur, s’émerveiller et faire l’expérience de la joie qui est au cœur de la vie, en dépit des défis de diverse nature.
Poétiser la vie est une démarche ou, plutôt, une posture, qui consiste à découvrir la saveur de la vie, à participer au mouvement naturel de celle-ci, un mouvement spiralé, initié dès la conception par la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde, cellules porteuses d’héritages complexes et poursuivant leur développement par l’enrichissement incessant sur des plans variés, selon des lois, peut-être des algorithmes, qui nous dépassent.
Poétiser la vie, c’est la percevoir et la présenter à nos semblables dans sa dimension mystérieuse et la célébrer sous ses différentes manifestations, avec un sentiment de gratitude.
Enfin, poétiser la vie, c’est prendre conscience de notre pouvoir: le pouvoir de changer, de grandir et de donner un sens aux choses, à commencer par la vie elle-même.
Il nous faut toutefois remarquer que la vie est souvent âpre, et que les êtres humains n’ont pas nécessairement les compétences souhaitées pour faire de la société ou de la terre un lieu agréable et accueillant pour tous et même pour eux-mêmes. La double violence – celle qu’on exerce à l’égard de l’autre et à l’égard de soi-même – se vérifie constamment et partout. Par exemple, la domination des groupes humains par d’autres est source de stéréotypes qui nuisent au dialogue et la cohabitation, comme l’ampleur de la détresse dans les différentes couches de la société est une source constante d’exclusion et de souffrances.
Reconnaissant, d’une part, l’avantage pour les citoyens d’être en reliance pour un mieux-être individuel et collectif et, d’autre part le kasàlà contemporain comme parole de lien, art d’être vivant et art de défendre la dignité humaine fondé sur le concept d’ubuntu ou art d’être humain, nous nous engageons, nous, praticiens et praticiennes du kasàlà de diverses origines, à contribuer à l’amélioration du vivre-ensemble. Nous sommes mus par un sentiment de responsabilité et d’humanité à l’égard de la société dans laquelle nous vivons. Nous agissons au moyen de l’écriture vivante et accessible à tous et toutes, qui débouche sur une parole proclamée en public et diffusée sur les réseaux sociaux. Notre prise de parole s’accompagne de l’incarnation de celle-ci dans notre posture dans le monde.
C’est en cela que consiste notre action dans le monde. C’est cela que nous entendons par « passer de la poésie à l’action » et que résume le terme « Kasàlaction ».
Kasàlà contemporain (kc)
Dans l’enseignement de l’EKAR, élaboré au fil des ans à travers une pratique intense, le mot kasàlà est utilisé dans un sens générique pour désigner toute poésie panégyrique en Afrique, adressée à soi-même ou à l’altérité. Plus spécifiquement, l’expression kasàlà contemporain désigne la poésie panégyrique inspirée certes du kasàlà dans ce sens générique, mais fondée sur le concept d’ubuntu, sur l’amour de l’autre et de soi, associée à l’écriture et enrichie d’une dimension transculturelle.
Si la grande innovation qui caractérise le kc est l’écriture, celle-ci n’est toutefois pas la seule voie à travers laquelle il se pratique. En effet, on peut parfaitement célébrer la vie à travers la gymnastique sensorielle, la chorégraphie, le dessin ou le collage.
En effet, le kasàlà contemporain se veut une expérience poétique universelle ouverte, soucieuse de contribuer à la construction d’une meilleure humanité, qui favorise la rencontre avec d’autres cultures.
Il s’accompagne d’une série de concepts : nom poétique (ou nom de force), ubuntu, colère vitale, discours intime, personne abîmée, estime de soi, grande santé, l’enfant terrible…
Art de célébrer la vie dans ses multiples expressions et de défendre la dignité humaine, le kc aborde une variété de thématiques touchant à la philosophie, la science, la politique, l’histoire, la géographie, la sociologie, la psychologie, le corps…
Si un kc peut être consacré entièrement à la célébration de l’autre ou à la célébration de soi, la forme canonique est cependant constituée de deux parties essentielles, l’une consacrée à la célébration de l’altérité et l’autre, à la célébration de soi, cette dernière se réduisant souvent à une signature élogieuse.
Il s’adresse à tous les âges et intervient dans un grand nombre d’environnements : scolaire, accompagnement (de jeunes, de demandeurs d’emploi, de nouveaux arrivants, de femmes victimes de violence conjugale, de personnes en fin de vie…), interculturel, santé mentale, carcéral, entreprise, coaching, famille, etc. Dans ces différents environnements, le kc apparaît comme, à la fois, un pont entre différentes cultures, communautés ou générations, une voie de connaissance mutuelle et de réparation, et un outil de prévention. Dans tous les cas, il prend soin de la dignité, de l’estime de soi de l’individu et de la communauté, tout en répondant notamment au besoin de connexion, de cohésion. Dans ce sens, il contribue à l’amélioration de la santé globale de la société et favorise le vivre-ensemble. En particulier le kasàlà de l’autre au Je s’avère un puissant vecteur d’empathie et les kasàlàs écrits sous cette forme sont particulièrement émouvants.
Il reste fidèle à l’esprit de célébration, de gratitude, de connexion et à l’oralité, le destin de tout kasàlà étant d’être dit et entendu par d’autres.
Dans le cadre transculturel évoqué ci-dessus, les praticiennes et praticiens de kasàlà devraient pouvoir se trouver sur tous les continents. Dans l’immédiat, ils se multiplient en Europe, en Amérique et en Afrique et font preuve d’une grande créativité, qui donne lieu à une diversité de styles. En particulier, il s’est développé au Québec l’écriture instantanée, qui consiste à composer le kasàlà d’une personne ou d’un groupe au moment de la parole. Ce phénomène constitue une véritable innovation, qui compense efficacement la création au moment de l’énonciation, trait perdu par l’introduction de l’écriture.
Signalons, pour finir, que le kc tend à se décliner à la 1ère personne du singulier, le pronom Je représentant tantôt le sujet qui se célèbre, tantôt la personne ou la chose célébrée. Autrement dit, ce pronom tend à avoir une multiplicité de référents.
Compte tenu de ces différentes considérations, qui renouvellent le contenu, la forme et la pratique de la poésie panégyrique africaine, le kc constitue un nouveau genre littéraire à part entière, qui s’enseigne à travers une pédagogie précise.
Enfin, si le choix du mot «kasàlà» comme terme générique est, dans une certaine mesure, arbitraire, il faut cependant noter qu’il présente l’avantage de permettre des dérivations du type «kasàler, kasàleur, kasàleuse, kasàlique, kasàlance, kasàlement…» et des compositions du type «kasàlàthèque, kasàlaction», devenues commodes au sein des praticiennes et praticiens du kasàlà.
Moi Kasàlà contemporain
Que suis-je donc ?
Je suis art et pratique
Art de poser des ponts
Entre la parole et l’action
École de l’émerveillement
Audace de prendre sa place
Diversité et vivre-ensemble
Art de prendre soin du lien
Pratique de la gratitude
Véhicule de l’ubuntu
Pratique de la joie
Je suis art d’être vivant
Et de célébrer la vie
Dans le Vivant
Autrement dit je suis
Art d’être en grande santé
Source d’une vie augmentée
Je suis parce que tu es et vice versa
Nous sommes des êtres d’interaction
Nous avons besoin les uns des autres
J’ai besoin de trouver un sens à la vie
De grandir de relever des défis de rêver de créer
pour être pleinement vivant
Il arrive que tous ces élans s’éteignent
Il est toujours possible de les réactiver
Voilà la grande promesse voilà le grand présent
du kasàlà contemporain
Parole d’émerveillement
de célébration de la vie sous toutes ses formes
Mais aussi parole engagée acte de résistance
contre la dignité bafouée
Action pour construire un monde
plus fraternel plus humain plus beau
Ngo Semzara Ntalaja Matanda
Flamboyant-qui-pleure-qui-chante
Celui qui conte les histoires difficiles
comme les histoires joyeuses
Certains m’appellent Mon frère Jandhi Kasàlà
d’autres Papa Kabuta
Je porte d’autres noms encore
Homme-à-l’écoute Âme-émerveillée
Je suis aussi Porteur-d’espoir
et Fabricant-de-ponts-et-de tremplins
Kasàlà traditionnel
« Kasàlà » est, à l’origine, un mot de la langue cilubà, parlée par le peuple lubà en RDC. Le kasàlà traditionnel est une poésie panégyrique orale propre à ce peuple. Il se caractérise par la présence d’un grand nombre de noms propres et de structures dites makùmbù, qui sont des devises, généralement élogieuses.
Poésie à caractère rituel, le kasàlà traditionnel a pour fonction de faire l’éloge de personnages publics ou d’individus, en diverses circonstances telles que l’intronisation, le mariage, l’accueil, les funérailles. Deux thèses de doctorat y ont été consacrées, respectivement par P. Mufuta (1968) et C. Faïk-Nzuji (1986).
Fait remarquable, ce type de littérature existe pratiquement dans toute l’Afrique subsaharienne, avec quelques variantes et sous diverses dénominations (izibongo en Afrique australe, amazina y’inka au Rwanda et au Burundi, oriki au Nigéria, akö au Bénin, etc.). La thèse de doctorat de Jean Kabuta (1995) est justement une étude comparative du panégyrique africain, en particulier l’éloge de soi (ou autopanégyrique), qui implique d’ailleurs généralement l’éloge de l’autre.
L'Ubuntu
Sur l’aire bantou, qui s’étend du sud du Cameroun à l’Afrique du sud, une valeur fondamentale est ce qu’on appelle umuntu (ou une variante de cette forme), et qui signifie « être humain, personne ». Une autre valeur, qui découle de celle-ci, est l’ubuntu (terme qui présente aussi des variantes). Nous pouvons traduire ce mot par « sagesse », « humanité » ou, plus exactement, « l’art d’être humain ». L’ubuntu se pose comme idéal, horizon vers lequel toute personne digne de ce nom est invitée à marcher.
Si ces valeurs sont transmises à l’enfant dans la vie de tous les jours, elles le sont aussi, plus intensément, à travers les écoles d’initiation, à travers une littérature constituée de structures formulaires sous forme orale, graphique ou plastique, qui accompagne la personne tout au long de sa vie. Elles le sont aussi à travers cette poésie de célébration appelée génériquement kasàlà, dans le sens où celle-ci appelle constamment la personne à se rappeler et à défendre cette valeur fondamentale qui fait d’elle un être humain, autrement dit sa dignité. Singulièrement le kasàlà contemporain se présente comme un véhicule de l’ubuntu.
L’Ubuntu comme art d’être humain, définit le rôle fondamental des relations interpersonnelles, à travers un ensemble de valeurs qui, promouvant la relation, permettent à la personne de contribuer au déploiement de la collectivité et, par conséquent, à son propre déploiement. On peut le résumer avec Laurien Ntezimana comme une invitation à être Bon à l’intérieur, et don à l’extérieur. Cela signifie que Mon bien-être personnel est une condition qui me permet d’être un don pour les autres. C’est la raison pour laquelle je dois m’efforcer d’être en bonne santé sur le plan physique, émotionnel et spirituel. Être un don signifie apporter une contribution positive sur les plans politique, culturel, économique social. Ainsi compris, l’ubuntu devient l’horizon vers lequel l’Umuntu (la personne) doit marcher, pour devenir chaque jour une meilleure personne. Le kasàlà à droite présente les valeurs qui constituent l’ubuntu :
Je suis ubuntu
Je suis
Générosité Gratitude et Respect
Hospitalité Fraternité et Humanité
Bienveillance Sollicitude et Accueil
Présence Pardon et Réconciliation
Patience Ecoute et Attention
Bref suis Sagesse
Historique
Voici quelques éléments de l’histoire du kasàlà contemporain. C’est d’abord l’histoire de Jean Kabuta qui a introduit cet art en Occident
Il enseigne encore à l’école secondaire en Belgique lorsque, en juillet 1980, il se rend au deuil de son oncle à Kinshasa. Le retour d’une personne après une longue absence constitue une des occasions où l’on récite le kasàlà.
Sa famille invite à cette fin un spécialiste du kasàlà. Sa mère lui explique qu’ayant passé beaucoup de temps à l’étranger, il est comme quelqu’un qui s’est égaré en brousse et qui est devenu sauvage. À ce titre, il avait besoin d’être ramené dans la communauté, en le rappelant ses noms, en le reliant à ses ancêtres, à son histoire, à son territoire et à lui-même.
La famille, des amis et des voisins sont présents à la séance, qui est en réalité un rituel d’accueil. Jean Kabuta enregistre le texte intégral, dont la récitation dure quatre heures. Cette séance le bouleverse profondément. Le kasàlà reçu le fascine par la richesse de son contenu et la complexité de sa forme. Une dizaine d’années plus tard, il en fera un objet de recherches comparatives à l’échelle de l’Afrique subsaharienne.
En 1995, alors qu’il est chargé de cours à l’Université de Gand, Jean Kabuta soutient une thèse de doctorat à l’Université Libre de Bruxelles sur l’autopanégyrique dans les traditions orales africaines. À partir de ce moment-là, il fait du panégyrique africain un texte transculturel, traduisible dans différentes langues. Il y associe aussi l’écriture. Vivant en Europe et prenant conscience de la valeur de sa culture africaine, il se perçoit comme la personne tout indiquée pour transmettre celle-ci en Occident en appréciant son rôle de passeur de culture.
Des ateliers d’autopanégyrique se développent dès la fin de 1995 sous le titre « Ateliers d’autolouange ». En même temps, l’autopanégyrique fait partie de son cours de littérature à l’université de Gand. Il crée l’ASBL Kasàlà dès 1996. Elle a pour but de mieux faire connaître la pensée africaine en Occident et de favoriser le vivre-ensemble entre Européens et Africains. Elle recrute ses membres aussi bien en région francophone qu’en région néerlandophone.
Les ateliers, favorisés par sa position à l’université, se multiplient en France, aux Pays-Bas et surtout dans de nombreuses villes en Belgique. Dans les centres d’intégration qui accueillent des demandeurs d’asile comme dans les bureaux de demandeurs d’emploi, s’avère aussi un instrument puissant de connexion et de renforcement de l’estime de soi. Au cours de toute l’année 2002, l’ASBL Kasàlà mène un projet intitulé « Littératures et chants vivants d’Afrique », avec le soutien de l’ASBL Africalia et du ministère de la coopération au développement. Le financement reçu permet d’organiser de nombreux ateliers de poésie, contes et cordes à proverbes dans plusieurs villes du pays.
Progressivement, il abandonne l’usage du terme « autolouange », qui lui paraît trop restrictif par rapport à sa pratique et qui, contrairement au terme « autopanégyrique » originel, n’est pas neutre. Le concept diffusé n’ayant pas d’équivalent dans les langues occidentales, il se trouve devant l’impératif d’utiliser une terminologie africaine. Le terme kasàlà s’avère plus approprié, d’autant plus qu’il englobe la célébration de l’autre et de soi. Son activité s’oriente elle aussi davantage vers la célébration de l’autre.
Pendant une douzaine d’années, l’ASBL Kasàlà collabore avec l’ONG Echos Communication. Elle est particulièrement active dans le projet dénommé « Harubuntu » pour laquelle le kasàlà est l’un des outils-clés. Ce projet constitue une promotion importante du kasàlà aussi bien en Belgique qu’en Afrique. C’est avec la collaboration d’Echos Communication que l’ASBL Kasàlà organise en 2009 une formation d’une semaine à Kinshasa intitulée « Neurosciences et Kasàlà ». Plus tard des ateliers de kasàlà pour des sourds et muets (à Kinshasa) et des aveugles (à Brazzaville) se révèlent très efficaces pour renforcer l’estime de soi des participants. C’est aussi avec Echos Communication que sera réalisé, en 2014, le documentaire intitulé « Récits migratoires » à partir d’ateliers à Bruxelles et à Oujda (Maroc).
Le centre Kasàlà, volet social de l’asbl, dont l’idée avait été lancée dès 2002, voit le jour en 2005 à Kinshasa, de la nécessité de passer de la poésie à l’action ou du projet au chantier, afin de contribuer au développent de la RDC. Les activités comprennent l’alphabétisation, des cours d’informatique, d’anglais, de français et de philosophie, une petite salle de cinéma pouvant accueillir une cinquantaine de personnes, du théâtre, des conférences, un dispensaire et un cybercafé alimenté par l’énergie solaire.
En 2010, Jean Kabuta ouvre un centre Kasàlà à Mbujimayi en RDC ayant essentiellement pour but d’aider les jeunes à développer leur estime de soi, à se redresser, à se prendre en charge. Un centre similaire est ouvert un peu plus tard à Uvira.
2010 est aussi l’année où il prend sa retraite. En 2012, il participe à une université d’été à Rimouski. L’accueil y est si enthousiaste qu’en 2013, il décide d’émigrer au Québec. Depuis lors, il diffuse le kasàlà dans le système éducatif québécois ainsi que dans divers autres milieux. Il bénéficie d’un soutien considérable du département de psychosociologie de l’UQAR, où les étudiants comme les professeurs pratiquent le kasàlà.
En dehors de l’UQAR, des ateliers ont lieu à travers le Québec. Par ailleurs, dans la communauté québécoise, de nouvelles manières de célébrer les transitions de la vie – naissance, mariage, anniversaires, deuils, etc. – gagnent du terrain.
L’ASBL Kasàlà a bénéficié du soutien financier de la province de West-Vlaanderen (qui a aussi pris en charge l’envoi par bateau d’un grand nombre de matériel à Kinshasa), de l’entreprise Skania et surtout de la société Heidelberg Cement pour la construction du cybercafé à Kinshasa et la fourniture des équipements nécessaires. Il faut saluer ainsi que l’implication extraordinaire de Daniel Gauthier, à l’époque patron de l’entreprise.
En 2013, un projet chez Colruyt Group (chaîne de magasins d’alimentation) permet d’initier un millier de travailleurs au kasàlà. Cette expérience en entreprise s’avère hautement bénéfique pour les travailleurs et leurs chefs, qui développent de meilleures relations entre eux.
En 2015, il y a une première formation à Fribourg, à l’intention des recueilleuses et recueilleurs de récits de vie (ARRV).
En 2020, l’enseignement du kasàlà s’est concrétisée par la création de l’Ecole du kasàlà de Rimouski (EKAR), une entreprise provinciale, qui octroie désormais une certification. Cette même année voit le lancement d’un centre Kasàlà à Toubakouta (Sénégal), avec l’accompagnement de Mar Ndiaye. En 2021, un organisme à but non lucratif et dénommé Kasàlaction est créé au niveau fédéral. Depuis son introduction au Québec, le kasàlà se combine volontiers avec d’autres démarches en co-animation, telles que les arts martiaux (atelier avec Martine de Nardi), le mouvement sensible et la gymnastique sensorielle (atelier avec Paul Sercu, Jeanne-Marie), la biodanza (Delphine Gérard)…
Depuis 1995 Jean Kabuta a publié quelques articles et livres sur le kasàlà.
Aujourd’hui, il lui apparaît que la source du kasàlà contemporain remonte au temps où il faisait partie de la chorale « Les Troubadours du roi Baudouin ». L’œuvre majeure de cette chorale est la Misa luba, créée en 1958. En effet, cette messe est une œuvre audacieuse, le prêtre franciscain qui dirigeait la chorale ayant eu l’idée lumineuse d’encourager les adultes de la chorale à créer une messe africaine en s’inspirant de la mélodie et du rythme du kasàlà.