Anvers, Belgique - 3 juin 2022
Une référence importante dans le développement de l’œuvre d’art est Paul Panda Farnana (1888-1930), qui a été amené du Congo en Belgique alors qu’il était un petit garçon, fut le premier Congolais à obtenir un diplôme d’une institution belge d’enseignement supérieur, et est devenu plus tard une voix importante dans le mouvement panafricain et la lutte contre l’oppression coloniale européenne.
Une autre référence est une citation de l’ancien bourgmestre d’Anvers, Lode Craeybeckx (1897-1976), qui a dit : «Un Anversois n’a qu’à tremper sa main dans l’Escaut pour se connecter au monde».
L’image en bronze s’inspire du «lukasa», un artefact de la culture Luba dans le sud du Congo. Les Lukasa fonctionnent comme des aide-mémoire ou des moyens mnémotechniques et constituent un élément essentiel de la tradition Luba d’histoire orale et de transmission des connaissances. Les Lukasa sont généralement réalisés en bois et richement décorés de sculptures abstraites, de coquillages incrustés, de pierres ou de pièces de métal. Ils sont utilisés lors de cérémonies au cours desquelles l’histoire politique et la mythologie du peuple Luba sont racontées par un «homme mémoire». Celui-ci tient le lukasa dans sa main gauche et trace les motifs et les bijoux incrustés avec sa main droite, qui servent de points d’ancrage pour la narration.
Les grandes «perles» colorées à la surface de la sculpture en bronze sont faites de plastique recyclé. Elles sont positionnées pour tracer la route maritime entre Anvers et Muanda, le principal port du Congo. La plate-forme sur laquelle se trouve l’image a été conçue par l’artiste comme un lieu de rencontre et de dialogue.
Avec cette nouvelle œuvre, Sammy Baloji replace le souvenir et le récit dans notre espace public commun. Après tout, tout art public (monumental) n’est-il pas au service de la mémoire collective? Tout comme le lukasa traditionnel, l’interprétation contemporaine de Baloji ne véhicule pas une narration fixe. C’est une invitation à se réunir et à se parler, à se souvenir, à se souvenir autrement.
Ecoutez et regardez la prononciation du kasàlà par Jean Kabuta et l’introduction par l’artste, Sammy Baloji.
Eekèlekèlee kèle kelèèlè wa kelèèlè !
Soyez les bienvenus soyez les bienvenus !
Amis venus de tous les coins du pays
Venez voir de vos propres yeux !
Il vaut mieux voir soi-même
Plutôt que d’écouter un compte-rendu !
Venez voir en ce jour solennel
En ce troisième jour du mois de juin 2022
Comment des pensées venues d’ailleurs
S’incarnent dans des matériaux locaux
Comment le lukasa des Balubà de la RDC
Fait de bois de perles et de bouts de métal
Devient monument altier dans un nouvel environnement
Porteur de valeurs universelles