Jean Kabuta
Je suis arrivé en Belgique au début de mon adolescence. Après mes études secondaires, j’étudie d’abord la philologie germanique, puis la linguistique africaine, à l’Université Libre de Bruxelles. Lors d’un voyage en RDC en 1980, je découvre la poésie panégyrique africaine appelée kasàlà, qui me bouleverse. Après un doctorat sur les traditions orales africaines comparées, j’entreprend de donner au panégyrique africain – que je propose d’appeler génériquement kasàlà contemporain – une dimension transculturelle, notamment en associant l’écriture à l’oralité.
L’art de rendre grâce de s’émerveiller et de célébrer
La nécessité d’ouvrir cet art au reste du monde s’accompagne de celle d’élaborer une méthodologie pour l’enseigner. Ce rêve se concrétise progressivement à travers mon enseignement de la linguistique et de la littérature africaines à l’Université de Gand en Belgique, ainsi qu’à travers des ateliers de kasàlà organisés dès le début des années ‘90. En 2012, ayant pris ma retraite, je me consacre à l’enseignement et la diffusion du kc à partir du Québec.
Le kasàlà contemporain s’adapte aux nouveaux contextes et s’enrichit d’apports nouveaux. Il permet d’apprendre à poétiser la vie de tout être humain, quelle que soit sa culture d’origine. Pour ce faire, il met l’accent sur la beauté et la force de régénération présentes en chaque personne. Le kasàlà contemporain célèbre la vie sous toutes ses formes et invite à l’émerveillement devant le mystère de la vie, malgré l’existence de la souffrance. Comme posture, il est présence à l’essentiel et redressement.
Aujourd’hui, le kasàlà contemporain , défini comme « art d’être vivant », fait son chemin en Afrique, en Europe et en Amérique du nord. Devant la détresse de la personne abîmée – que ce soit le Conquérant qui a renoncé à son humanité pour asservir son semblable africain ou autochtone, ou le Conquis qui a fini par perdre toute confiance en soi-même – ma poésie tend à s’incarner dans l’action, selon la devise : « De la poésie à l’action ». De plus en plus engagé, militant pour la défense de la dignité humaine partout où elle est bafouée, elle traite des thèmes d’actualité, tels que le féminicide, le racisme, le néocolonialisme, le panafricanisme ou le féminisme, sans oublier l’histoire. De plus en plus politique, donc, le kc exprime volontiers l’indignation, la révolte, bref, la colère vitale, émotion qui est telle que, quand on l’éprouve, on peut pas rester les bras croisés. On doit poser un acte, si petit soit-il !
Toutefois, quel que soit le thème traité, le kc demeure un texte d’espoir, qui laisse toujours une fenêtre ouverte ou une fissure par où puissent passer la lumière et l’air.
C’est cette parole, qui s’appuie sur l’ubuntu entendu comme « art d’être humain », que je m’efforce de diffuser à travers le monde.
Coordonnées :
Rimouski (Canada)
kabuta.jean@gmail.com
www.kasala.ca
www.kasalaction.org
Tél. : +1 418 730 4602
Langues de travail : français, néerlandais, anglais, kiswahili, cilubà

Athi clè mli man be bo
La route tordue ne tord pas la hanche
On a beau suivre un chemin accidenté, on sort quand même avec ses hanches droites.
Il faut être flexible et savoir s’adapter, et cela n’empêche pas de rester fidèle à ses principes. Autrement dit : Il est possible de s’adapter et de rester reste soi.
Proverbe Baoulé, expliqué par Tidjane Thiam.