Nommer, appeler à l'existence
Se nommer c’est plus qu’énoncer son nom
C’est se situer Autrement dit :
S’inscrire dans une lignée dans un territoire et dans l’histoire
C’est invoquer et honorer celles et ceux qui nous ont précédés
Celles et ceux qui ont conçu le projet de notre venue au monde
C’est rappeler que nous sommes le résutat
De forces et de pensées de rêves et d’intuitions
Conjuguées et entretenues par une infinité de personnes avant nous
Se nommer c’est poursuivre la création
Et c’est rendre grâce pour le privilège de participer à l’expérience humaine
J’ai le pouvoir de me nommer et j’ai le pouvoir de nommer l’autre
De l’appeler à l’existence Je peux m’adresser directement à lui
Alors je dis « Tu » ou « Vous » Je peux m’adresser à la communauté
Alors j’emploie les pronoms il ou elle ou iel
Bonté divine, comme la vie serait plus simple si la langue française s’inspirait
Du kiswahili ou du zulu ou du haussa où l’obsession du genre est inexistante !
Je peux nommer l’autre enfin en me substituant à lui ou elle ou iel
Alors j’emprunte le pronom « Je » et je deviens Joëlle Jonathan ou Audrée
Ainsi le même « Je » permet de se célébrer et de célébrer l’altérité
Il remplace n’importe quel locuteur il a une infinité de référents
Voilà aussi la clé qui donne accès à l’expérience de l’autre à l’empathie
Énoncer son nom pourtant reçu de l’autre
C’est confirmer qu’il ou elle a bien vu qu’on n’est pas un mirage
C’est confirmer qu’on a effectivement atterri dans le genre humain
Ce qui vaut pour soi vaut aussi pour l’autre
L’autre peut se nommer se faire connaître en réponse à la question :
“Qui es-tu donc ?”ou bien : “Dis-moi ton nom !”
Le nom est bien plus qu’un matronyme ou un patronyme Le nom est une affaire complexe
Il invoque les ancêtres dont on est issu et les relie à la personne qu’on célèbre
Pour attester qu’elle n’est pas seule qu’elle est multiple et qu’elle ne meurt jamais
Voilà ce grand nom aux référents multiples ce nom réservoir d’énergie et de promesses