Thuy Aurélie Nguyen
J’ai découvert le kasàlà il y a dix ans à Rimouski grâce à Jean Kabuta et j’ai été éblouie par cet homme si lumineux et par cet art poétique qui permet à chacun·e de se souvenir de sa noblesse. À la naissance de mon neveu Ethan, j’ai ressenti la douleur de l’exilée. Comment me rendre présente auprès de ma famille en France? Comment célébrer l’arrivée de cet enfant béni? Guidée par Jean, j’ai écrit un kasàlà de naissance pour Ethan qui a eu une résonance très forte auprès des miens et a opéré une véritable révolution puisque chacun·e s’est mis à répondre en kasàlà. Cet art poétique est devenu notre manière de ritualiser les passages, d’exprimer notre gratitude et de rendre visible l’amour qui nous relie.
Depuis la fin de ma thèse de doctorat en lettres portant sur la transmission filiale en contexte d’exil et de post-exil, je me consacre à l’écriture et à la transmission du kasàlà, qui nourrit le cœur et élève l’âme. Je travaille aussi avec le corps et le mouvement qui me semblent indispensables à une écriture sensible et à la récitation du kasàlà, moment rituel important qui a lieu devant la communauté.
Le kasàlà est au cœur de deux projets de création que je mène actuellement. Le premier, intitulé « Nos lignées de femmes » et financé par le Conseil des arts et des lettres du Québec, se fait en partenariat avec deux centres de femmes en Gaspésie et permet aux femmes de célébrer les femmes inspirantes de leurs vies et de leurs lignées. Dans le deuxième, intitulé « Nous, les exilées » et soutenu par le Conseil des Arts du Canada, j’écrirai, après avoir fait leur entrevue, le kasàlà d’une douzaine d’écrivaines migrantes et d’écrivaines autochtones autour de la question du territoire.
Coordonnées :
Bonaventure, Québec (Canada)
thuy.aurelie.nguyen@gmail.com
Langues de travail : français
« Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. »
Christiane Singer